Expedition Pic Lenine Fast Ascent "J16 - The Lenine Race"

Lundi 28 juillet 2014

Réveil 2h45 ... petit déj 3h15 ... top départ 4h00 ... pour la course la plus haute du monde !

Un départ très surprenant où tout le monde part à un bon rythme, de quoi douter pour la suite, mais heureusement, cette "euphorie" du départ n'a duré que quelques instants ... pour certains.

On est tous "quasiment" équipés comme pour aller faire un sommet: Les grosses chaussures d'alpi au pieds, veste et pantalon Gore-tex, bonnet, frontale, sac à dos avec crampons à l'intérieur pour la partie glacier.

Les rares "habitués", enfin les favoris, ont eu la bonne idée de chausser des chaussures de trail équipés de guêtres, qu'ils traîneront pour certains jusqu'à 6000m, lieu limite où il est impératif de chausser les chaussures d'alpi + crampons.

En fait c'est comme dans une équipe de F1, ceux-là se sont fait, ou on déposé les "grosses" aux endroits stratégiques.

Et bien moi, comme la grande majorité, je ne changerai pas de pneus pendant ma course ...

Le rythme est très soutenu, le niveau très relevé, je pratique une marche très active pour traverser la moraine où la plupart, tout comme moi marquent une courte pause afin d'équiper les crampons. La plupart ont des modèles light en alu, pour moi ce sera du lourd type "cascade de glace" en acier bien lourd !!!

Dès le début de la montée du glacier, j'ai l'impression d'avoir les jambes sciées, je décide alors de ne marquer aucune pause jusqu'au camp II tout en gardant un rythme régulier.

La barrière horaire est de 4h00, je mets 3h30 pour me rendre au premier point de contrôle. C'est mon meilleur temps, mais il met reste 2h30 pour atteindre le suivant ... aïe, aïe, aïe ... je profite du pointage pour boire plusieurs verres de thé "tiède" et repart en direction du camp III ... tout commence par ce couloir bien raide, et comme dans tout bon couloir, le vent est de la partie, mais gérable !

Mes jambes commencent a me lâcher, j'arrive au col pour être accueilli par un vent soufflant à plus de 60km/h ... je lutte pour avancer jusqu'à la dernière bosse, longue, raide, qui mène au camp III à 6000m ... 2 pas en avant contre le vent ... 1 pas en arrière avec le vent ... 2 pas ... 1 pas ... je ne regarde plus ma montre, j'avance lentement ...

6h10 de course et j'estime qu'il me reste un vingtaine de minutes pour atteindre le pointage du camp III ... je suis "out" et déjà je vois plusieurs concurrents qui redescendent pour la plupart du camp III et même un favori du camp IV ... ils ont "bâché" à cause des conditions météo ... ça souffle trop fort la haut également ... même Sergeï rebrousse chemin ...

L'équation est très simple dans ma tête ... pour la première fois de ma vie, j'ai trouvé mes limites dans une course ... pour la première fois je ne serai pas finisher d'une course, et alors ?

Certes, je ne suis pas assez reposé du sommet fait 3 jours avant, mais je suis fatigué ... et puis je ne peux avoir de regrets en apprenant plus tard qu'il n'y aura que 4 finishers sur 22 !

Serge sera allé jusqu'à 6800m, mai a du rebroussé chemin en raison des conditions météo également ... bravo frangin, sans cette météo, sûr que tu aurais été finisher !

Le champion russe de Skyrunning Vitaliy Shkel, gagne haut la main la course en 5:05:50, battant par la même occasion le record d'ascension du Pic Lenine ... Uli Steck et Kilian Jornet n'ont qu'à bien se tenir. Le vainqueur des 2 précédentes éditions finit 2° à "seulement" 50 minutes, suivit d'un autre Kirghise, puis de Sebastian l'allemand au 3 sommets de plus de 8000 mètres en 7h40.

Le vent a littéralement coupé la course en deux, car il est intervenu en plein milieu de celle-ci ...

Est-ce une alerte de ce qui va nous arriver le lendemain matin ?

Un ouragan qui a emporté une bonne partie du camp I, là où nous dormions ... pendant notre sommeil ... à lire dans le prochain épisode !!!

Comments

[lucas]

Salut les compères,
On s'est croisé plusieurs fois en Juillet, pour ma part je n'ai pas insisté pour faire le sommet après la nuit venteuse du 26. Vu votre description des jours suivants j'ai bien fait.
Vous avez réalisé quand même une super course. Rien que l'arrivée au camp III, ça cause pour les connaisseurs !
Remetez vous bien, pour de nouvelles aventures. J'ai vu que l'Elbrouz aussi se faisait par des coureurs russes allumés.

[Jean-Mich]

Merci Lucas pour ton message, oui j'avoue qu'avec Serge on a eu le nez fin pour le sommet, car après la Lenine Race et cette fichue tempête c'est devenu compliqué d'aller là haut.
Les nouvelles aventures ne sont pas encore programmées, pour l'instant place au repos et à la famille ...
Au plaisir de se croiser dans un coin de montagne en France ou qui sait ... ailleurs !