USHBA - J7 "Fin de l'expé"

Publié le 16 Mars 2018 par jmheudre

Catégories : #Alpinisme, #Expéditions, #Géorgie

Il a neigé toute la nuit, contrairement aux prévisions !!!

A 7h du mat Sergio sort pour déneiger les tentes et visiblement il y avait du taf

Tout le monde reste bien au chaud dans son duvet

On attend, une météo meilleure pour redescendre ? continuer ? Rester dans ce lieu sûr ?

Car visiblement avec ce qu'il vient de tomber on est bien coincé ... prisonniers de l'Ushba !

9h, un paquet de neige vient se coller à notre tente, j'entends un souffle et rapidement je suis embarqué et manipulé dans tous les sens, comme si j'étais dans le tambour d'un lave-linge !

C'est fini. J'essaie de me dégager mais impossible de faire le moindre geste ... je suis prisonnier de la neige ... sous une avalanche !

Je reste calme afin d'économiser l'oxygène, il faut absolument que je résiste à toute panique, mais ... rapidement une main me sort de là et j'aperçois Max mon sauveur qui me prend en charge avec des gestes précis. Il me prépare une terrasse à l'aide d'une pelle, vide mon sac pour en sortir une couverture de survie, m'installe sur celle-ci à l'aide d'Alex

Je suis en sous-vêtements sous mon gros duvet, je n'ai pas froid mais j'ai terriblement mal ...

Mon dos me fait souffrir, impossible de m'asseoir, seule la position allongée est envisageable mais avec une douleur intenable !

Je n'arrive pas à me servir de mon bras droit ... je comprend rapidement que le problème est grave car celui-ci est totalement inerte !

"Bon OK, j'ai perdu un bras, j'ai le dos explosé mais je suis vivant, tout comme mes 3 compagnons"

Il faut appeler les secours mais le téléphone satellite des russes est perdu dans la neige et le notre n'est pas autorisé à utiliser le réseau russe (il fallait faire une déclaration, mais il fallait être au courant de la démarche)

Max, le seul d'entre nous qui n'est pas blessé, prend le téléphone afin de donner l'alerte plus bas sur le réseau Géorgien

L'attente est longue, la météo incertaine pour un vol d'hélico

"Sergio, je n'imagine même pas passer une nuit ici !"

La douleur est intenable ...

14h30, l'hélico nous survole, rapidement une équipe nous rejoint à ski, nous sommes sauvés, direction l'hôpital de Mestia

Le soir même je suis transféré dans un autre hôpital afin d'y être opéré (je ne sais toujours pas de quoi) et rapatrié ensuite, bilan: 7h de route chaotique, ambulance embourbée à 2 reprises

Enfin j'arrive dans l'hôpital qui doit me sauver, mais on me dépose en vrac dans un lit sans minerve, sans antalgique, sans croiser la moindre personne parlant anglais ... Je ne veux pas rester ici !

Au bout de 7h interminables, fin du suspens ... une équipe française me prend en charge pour un rapatriement sanitaire à Rennes

J'ai 1 côte cassée, 4 cervicales brisées, décollement de le plèvre (poumon) et le plexus brachial du bras droit arraché (système nerveux)